Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/395

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J’ignore par moments si le reste du monde,
Errant dans quelque coin du morne firmament,
Ne s’évanouit pas dans mon rayonnement.


LES NÉBULEUSES

À qui parles-tu donc, flocon lointain qui passes ?
À peine entendons-nous ta voix dans les espaces.
215Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur
Au coin le plus perdu du plus nocturne azur.
Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres,
Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres,
N’ayant ni pôle austral ni pôle boréal ;
220Nous, les réalités vivant dans l’idéal,
Les univers, d’où sort l’immense essaim des rêves,
Dispersés dans l’éther, cet océan sans grèves
Dont le flot à son bord n’est jamais revenu ;
Nous les créations, îles de l’inconnu !


L’INFINI

225L’être multiple vit dans mon unité sombre.


DIEU

Je n’aurais qu’à souffler, et tout serait de l’ombre.