Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/227

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Une musique, un chant, sort de son tourbillon.
Ses cordages vibrants et remplis d’aquilon
Semblent, dans le vide où tout sombre,
Une lyre à travers laquelle par moment
Passe quelque âme en fuite au fond du firmament
Et mêlée aux souffles de l’ombre.

Car l’air, c’est l’hymne épars ; l’air, parmi les récifs
Des nuages roulant en groupes convulsifs,
Jette mille voix étouffées ;
Les fluides, l’azur, l’effluve, l’élément,
Sont toute une harmonie où flottent vaguement
On ne sait quels sombres Orphées.

Superbe, il plane, avec un hymne en ses agrès ;
Et l’on croit voir passer la strophe du progrès.
Il est la nef, il est le phare !
L’homme enfin prend son sceptre et jette son bâton.
Et l’on voit s’envoler le calcul de Newton
Monté sur l’ode de Pindare.