UNE PLUME.
Personne n’écrit plus ; les encriers sont vides.
On dirait d’un pays mogol, russe ou persan.
Nous n’avons plus ici que faire ; allons-nous-en,
Mes sœurs, je quitte l’homme et je retourne aux oies.
LA PITIÉ.
Je pars. Vainqueurs sanglants, je vous laisse à vos joies,
Je vole vers Cayenne où j’entends de grands cris.
LA MARSEILLAISE.
J’ouvre mon aile et vais rejoindre les proscrits.
LA POÉSIE.
Oh ! je pars avec toi, pitié, puisque tu saignes !
L’AIGLE.
Quel est ce perroquet qu’on met sur vos enseignes,
Français ? de quel égout sort cette bête-là ?
Aigle selon Cartouche et selon Loyola,
Il a du sang au bec, français ; mais c’est le vôtre.
Je regagne les monts. Je ne vais qu’avec l’autre.
Les rois à ce félon peuvent dire : merci ;
Moi, je ne connais pas ce Bonaparte-ci !
Sénateurs ! courtisans ! je rentre aux solitudes !
Vivez dans le cloaque et dans les turpitudes,
Soyez vils, vautrez-vous sous les cieux rayonnants.
LA FOUDRE.
Je remonte avec l’aigle aux nuages tonnants.
L’heure ne peut tarder. Je vais attendre un ordre.
|