Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/386

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Et notre armée, hélas ! sa dupe et sa complice,
Baisse un front lugubre et puni,
Et voit sous les sifflets s’enfuir dans la coulisse
Cet écuyer de Franconi !
Cet histrion, qu’on cingle à grands coups de lanière,
A le crime pour seul talent ;
Les Saint-Barthélemy vont mieux à sa manière
Qu’Aboukir et que Friedland.
Le cosaque stupide arrache à ce superbe
Sa redingote à brandebourgs ;
L’âne russe a brouté ce Bonaparte en herbe.
Sonnez, clairons ! battez, tambours !
Tranche-Montagne, ainsi que Basile, a la fièvre ;
La colique empoigne Agramant ;
Sur le crâne du loup les oreilles du lièvre
Se dressent lamentablement.
Le fier-à-bras tremblant se blottit dans son antre ;
Le grand sabre a peur de briller ;
La fanfare bégaie et meurt ; la flotte rentre
Au port, et l’aigle au poulailler !

V

Et tous ces capitans dont l’épaulette brille
Dans les Louvres et les châteaux
Disent : — Mangeons la France et le peuple en famille
Sire, les boulets sont brutaux.