Page:Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Il a des soifs inassouvies ;
Dans son passé vertigineux
Il sent revivre d’autres vies ;
De son âme il compte les nœuds.

Il cherche au fond des sombres dômes
Sous quelles formes il a lui ;
Il entend ses propres fantômes
Qui lui parlent derrière lui.

Il sent que l’humaine aventure
N’est rien qu’une apparition.
Il se dit : — Chaque créature
Est toute la création. —

Il se dit : — Mourir, c’est connaître ;
Nous cherchons l’issue à tâtons.
J’étais, je suis et je dois être.
L’ombre est une échelle. Montons —

Il se dit : — Le vrai, c’est le centre.
Le reste est apparence ou bruit.
Cherchons le lion, et non l’antre ;
Allons où l’œil fixe reluit. —

Il sent plus que l’homme en lui naître ;
Il sent, jusque dans ses sommeils,
Lueur à lueur, dans son être,
L’infiltration des soleils.

Ils cessent d’être son problème ;
Un astre est un voile, il veut mieux ;
Il reçoit de leur rayon même
Le regard qui va plus loin qu’eux.