Page:Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu/23

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Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants,
Un jour jPasser, gonflant ses voiles,
Un rapide navire enveloppé de vents,
Un jour jDe vagues et d’étoiles ;

Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux,
Un jour jQue l’autre abîme touche,
Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux
Un jour jNe voyaient pas la bouche :

— Poëte, tu fais bien ! poëte au triste front,
Un jour jTu rêves près des ondes,
Et tu tires des mers bien des choses qui sont
Un jour jSous les vagues profondes !

La mer, c’est le Seigneur, que, misère ou bonheur,
Un jour jTout destin montre et nomme ;
Le vent, c’est le Seigneur ; l’astre, c’est le Seigneur ;
Un jour jLe navire, c’est l’homme. —


15 juin 1839.