Page:Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu/232

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Ils se connaissent ; l’astre envoie au feu des bois
Toute l’énormité de l’abîme à la fois,
Les baisers de l’azur superbe
Et l’éblouissement des visions d’Endor ;
Et le doux feu de pâtre envoie à l’astre d’or
Le frémissement du brin d’herbe.

Le feu de pâtre dit : — La mère pleure, hélas !
L’enfant a froid, le père a faim, l’aïeul est las ;
Tout est noir ; la montée est rude ;
Le pas tremble, éclairé par un tremblant flambeau ;
L’homme au berceau chancelle et trébuche au tombeau. —
L’étoile répond : — Certitude !

De chacun d’eux s’envole un rayon fraternel,
L’un plein d’humanité, l’autre rempli de ciel ;
Dieu les prend et joint leur lumière,
Et sa main, sous qui l’âme, aigle de flamme, éclôt,
Fait du rayon d’en bas et du rayon d’en haut
Les deux ailes de la prière.


Ingouville, août 1839.