Page:Hugo - Les Contemplations, Nelson, 1856.djvu/96

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Le ciel rit, l’air est pur ; tout le jour, chez mon hôte,
C’est un doux bruit d’enfants épelant à voix haute ;
L’eau coule, un verdier passe ; et moi, je dis : Merci !
Merci, Dieu tout-puissant ! — Ainsi je vis ; ainsi,
Paisible, heure par heure, à petit bruit, j’épanche
Mes jours, tout en songeant à vous, ma beauté blanche !
J’écoute les enfants jaser, et, par moment
Je vois en pleine mer passer superbement,
Au-dessus des pigeons du tranquille village,
Quelque navire ailé qui fait un long voyage,
Et fuit sur l’océan, par tous les vents traqué,
Qui naguère dormait au port, le long du quai,
Et que n’ont retenu, loin des vagues jalouses,
Ni les pleurs des parents, ni l’effroi des épouses,
Ni le sombre reflet des écueils dans les eaux,
Ni l’importunité des sinistres oiseaux.


Près le Tréport, juin 18…