Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/318

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fait la bêtise. En rentrant nous ne l’avons plus trouvé. Comme nous ne voulions pas être battues, que cela est inutile, que cela est entièrement inutile, que cela est absolument inutile, nous avons dit chez nous que nous avions porté les lettres chez les personnes et qu’on nous avait dit nix ! Les voilà, ces pauvres lettres ! Et à quoi avez-vous vu qu’elles étaient à moi ? Ah ! oui, à l’écriture ! C’est donc vous que nous avons cogné en passant hier au soir. On n’y voyait pas, quoi ! J’ai dit à ma sœur : Est-ce que c’est un monsieur ? Ma sœur m’a dit : Je crois que c’est un monsieur.

Cependant, elle avait déplié la supplique adressée « au monsieur bienfaisant de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas ».

— Tiens ! dit-elle, c’est celle pour ce vieux qui va à la messe. Au fait, c’est l’heure. Je vas lui porter. Il nous donnera peut-être de quoi déjeuner.

Puis elle se remit à rire, et ajouta :

— Savez-vous ce que cela fera si nous déjeunons aujourd’hui ? Cela fera que nous aurons eu notre déjeuner d’avant-hier, notre dîner d’avant-hier, notre déjeuner d’hier, notre dîner d’hier, tout ça en une fois, ce matin. Tiens ! parbleu ! si vous n’êtes pas contents, crevez, chiens.

Ceci fit souvenir Marius de ce que la malheureuse venait chercher chez lui.

Il fouilla dans son gilet, il n’y trouva rien.

La jeune fille continuait, et semblait parler comme si elle n’avait plus conscience que Marius fût là.

— Des fois je m’en vais le soir. Des fois je ne rentre pas. Avant d’être ici, l’autre hiver, nous demeurions sous