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Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/393

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LES MISÉRABLES. — MARIUS.

Tout à coup Jondrette haussa la voix.

— À propos ! j’y songe. Par le temps qu’il fait il va venir en fiacre. Allume la lanterne, prends-la, et descends. Tu te tiendras derrière la porte en bas. Au moment où tu entendras la voiture s’arrêter, tu ouvriras tout de suite, il montera, tu l’éclaireras dans l’escalier et dans le corridor, et pendant qu’il entrera ici, tu redescendras bien vite, tu payeras le cocher et tu renverras le fiacre.

— Et de l’argent ? demanda la femme.

Jondrette fouilla dans son pantalon, et lui remit cinq francs.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? s’écria-t-elle.

Jondrette répondit avec dignité :

— C’est le monarque que le voisin a donné ce matin.

Et il ajouta :

— Sais-tu ? il faudrait ici deux chaises.

— Pourquoi ?

— Pour s’asseoir.

Marius sentit un frisson lui courir dans les reins en entendant la Jondrette faire cette réponse paisible :

— Pardieu ! je vais t’aller chercher celles du voisin.

Et d’un mouvement rapide elle ouvrit la porte du bouge et sortit dans le corridor.

Marius n’avait pas matériellement le temps de descendre de la commode, d’aller jusqu’à son lit et de s’y cacher.

— Prends la chandelle, cria Jondrette.

— Non, dit-elle, cela m’embarrasserait, j’ai les deux chaises à porter. Il fait clair de lune.

Marius entendit la lourde main de la mère Jondrette