Page:Hugo - Les Misérables Tome III (1890).djvu/435

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Au milieu de ce silence on entendit le bruit de la porte de l’escalier qui s’ouvrait, puis se fermait.

Le prisonnier fit un mouvement dans ses liens.

— Voici la bourgeoise, dit Thénardier.

Il achevait à peine qu’en effet la Thénardier se précipita dans la chambre, rouge, essoufflée, haletante, les yeux flambants, et cria en frappant de ses grosses mains sur ses deux cuisses à la fois :

— Fausse adresse !

Le bandit qu’elle avait emmené avec elle, parut derrière elle et vint reprendre son merlin.

— Fausse adresse ? répéta Thénardier.

Elle reprit :

— Personne ! Rue Saint-Dominique, numéro dix-sept, pas de monsieur Urbain Fabre ! On ne sait pas ce que c’est !

Elle s’arrêta suffoquée, puis continua :

— Monsieur Thénardier ! ce vieux t’a fait poser ! tu es trop bon, vois-tu ! Moi, je te vous lui aurais coupé la margoulette en quatre pour commencer ! et s’il avait fait le méchant, je l’aurais fait cuire tout vivant ! Il aurait bien fallu qu’il parle, et qu’il dise où est la fille, et qu’il dise où est le magot ! Voilà comment j’aurais mené cela, moi ! On a bien raison de dire que les hommes sont plus bêtes que les femmes ! Personne numéro dix-sept ! C’est une grande porte cochère ! Pas de monsieur Fabre, rue Saint-Dominique ! et ventre à terre, et pourboire au cocher, et tout ! J’ai parlé au portier et à la portière, qui est une belle forte femme, ils ne connaissent pas ça !