Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/227

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en tirant la langue. Tout en balayant l’escalier, elle s’arrêtait, et restait là, immobile, oubliant son balai et l’univers entier, occupée à regarder cette étoile briller au fond de sa poche.

Ce fut dans une de ces contemplations que la Thénardier la rejoignit.

Sur l’ordre de son mari, elle l’était allée chercher. Chose inouïe, elle ne lui donna pas une tape et ne lui dit pas une injure.

— Cosette, dit-elle presque doucement, viens tout de suite.

Un instant après, Cosette entrait dans la salle basse.

L’étranger prit le paquet qu’il avait apporté et le dénoua.

Ce paquet contenait une petite robe de laine, un tablier, une brassière de futaine, un jupon, un fichu, des bas de laine, des souliers, un vêtement complet pour une fille de sept ans. Tout cela était noir.

— Mon enfant, dit l’homme, prends ceci et va t’habiller bien vite.

Le jour paraissait lorsque ceux des habitants de Montfermeil qui commençaient à ouvrir leurs portes virent passer dans la rue de Paris un bonhomme pauvrement vêtu donnant la main à une petite fille tout en deuil qui portait une poupée rose dans ses bras. Ils se dirigeaient du côté de Livry.

C’était notre homme et Cosette.

Personne ne connaissait l’homme ; comme Cosette n’était plus en guenilles, beaucoup ne la reconnurent pas.

Cosette s’en allait. Avec qui ? elle l’ignorait. Où ? elle ne savait. Tout ce qu’elle comprenait, c’est qu’elle laissait derrière elle la gargote Thénardier. Personne n’avait songé à