Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Lesquelles, monsieur le maire ?

— Premièrement, vous ne direz à personne ce que vous savez de moi. Deuxièmement, vous ne chercherez pas à en savoir davantage.

— Comme vous voudrez. Je sais que vous ne pouvez rien faire que d’honnête et que vous avez toujours été un homme du bon Dieu. Et puis d’ailleurs, c’est vous qui m’avez mis ici. Ça vous regarde. Je suis à vous.

— C’est dit. À présent, venez avec moi. Nous allons chercher l’enfant.

— Ah ! dit Fauchelevent. Il y a un enfant ?

Il n’ajouta pas une parole et suivit Jean Valjean comme un chien suit son maître.

Moins d’une demi-heure après, Cosette, redevenue rose à la flamme d’un bon feu, dormait dans le lit du vieux jardinier. Jean Valjean avait remis sa cravate et sa redingote ; le chapeau lancé par-dessus le mur avait été retrouvé et ramassé ; pendant que Jean Valjean endossait sa redingote, Fauchelevent avait ôté sa genouillère à clochette, qui maintenant, accrochée à un clou près d’une hotte, ornait le mur. Les deux hommes se chauffaient accoudés sur une table où Fauchelevent avait posé un morceau de fromage, du pain bis, une bouteille de vin et deux verres, et le vieux disait à Jean Valjean en lui posant la main sur le genou :

— Ah ! père Madeleine ! vous ne m’avez pas reconnu tout de suite ! Vous sauvez la vie aux gens, et après vous les oubliez ! Oh ! c’est mal ! eux ils se souviennent de vous ! vous êtes un ingrat !