elles s’attachent à quelque petit objet, à un livre d’heures, à une relique, à une médaille bénite. Dès qu’elles s’aperçoivent qu’elles commencent à tenir à cet objet, elles doivent le donner. Elles se rappellent le mot de sainte Thérèse à laquelle une grande dame, au moment d’entrer dans son ordre, disait : Permettez, ma mère, que j’envoie chercher une sainte bible à laquelle je tiens beaucoup. — Ah ! vous tenez à quelque chose ! En ce cas, n’entrez pas chez nous.
Défense à qui que ce soit de s’enfermer, et d’avoir un chez soi, une chambre. Elles vivent cellules ouvertes. Quand elles s’abordent, l’une dit : Loué soit et adoré le très Saint-Sacrement de l’autel ! L’autre répond : À jamais. Même cérémonie quand l’une frappe à la porte de l’autre. À peine la porte a-t-elle été touchée qu’on entend de l’autre côté une voix douce dire précipitamment : À jamais ! Comme toutes les pratiques, cela devient machinal par l’habitude ; et l’une dit quelquefois à jamais avant que l’autre ait eu le temps de dire, ce qui est assez long d’ailleurs : Loué soit et adoré le très Saint-Sacrement de l’autel ! Chez les visitandines, celle qui entre dit : Ave Maria, et celle chez laquelle on entre dit : Gratiâ plena. C’est leur bonjour, qui est « plein de grâce » en effet.
À chaque heure du jour, trois coups supplémentaires sonnent à la cloche de l’église du couvent. À ce signal, prieure, mères vocales, professes, converses, novices, postulantes, interrompent ce qu’elles disent, ce qu’elles font ou ce qu’elles pensent, et toutes disent à la fois, s’il est cinq heures, par exemple : — À cinq heures et à toute heure, loué soit et adoré le très Saint-Sacrement de l’autel ! S’il