Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


III


SÉVÉRITÉS



On est au moins deux ans postulante, souvent quatre ; quatre ans novice. Il est rare que les vœux définitifs puissent être prononcés avant vingt-trois ou vingt-quatre ans. Les bernardines-bénédictines de Martin Verga n’admettent point de veuves dans leur ordre.

Elles se livrent dans leurs cellules à beaucoup de macérations inconnues dont elles ne doivent jamais parler.

Le jour où une novice fait profession, on l’habille de ses plus beaux atours, on la coiffe de roses blanches, on lustre et on boucle ses cheveux, puis elle se prosterne ; on étend sur elle un grand voile noir et l’on chante l’office des morts. Alors les religieuses se divisent en deux files, une file passe près d’elle en disant d’un accent plaintif : notre sœur est morte, et l’autre file répond d’une voix éclatante : vivante en Jésus-Christ !

À l’époque où se passe cette histoire, un pensionnat était joint au couvent. Pensionnat de jeunes filles nobles, la plu-