Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/456

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des croque-morts pour reprendre la bière et la porter au cimetière. Les croque-morts viendront et soulèveront la bière ; il n’y aura rien dedans.

— Mettez-y quelque chose.

— Un mort ? je n’en ai pas.

— Non.

— Quoi donc ?

— Un vivant.

— Quel vivant ?

— Moi, dit Jean Valjean.

Fauchelevent, qui s’était assis, se leva comme si un pétard fût parti sous sa chaise.

— Vous !

— Pourquoi pas ?

Jean Valjean eut un de ces rares sourires qui lui venaient comme une lueur dans un ciel d’hiver.

— Vous savez, Fauchelevent, que vous avez dit : La mère Crucifixion est morte, et j’ai ajouté : Et le père Madeleine est enterré. Ce sera cela.

— Ah, bon, vous riez. Vous ne parlez pas sérieusement.

— Très sérieusement. Il faut sortir d’ici ?

— Sans doute.

— Je vous ai dit de me trouver pour moi aussi une hotte et une bâche.

— Eh bien ?

— La hotte sera en sapin, et la bâche sera un drap noir.

— D’abord, un drap blanc. On enterre les religieuses en blanc.