Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/244

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l’échelle ; Gavroche, chemin faisant, l’encourageait par des exclamations de maître d’armes à ses écoliers ou de muletier à ses mules :

— Aye pas peur !

— C’est ça !

— Va toujours !

— Mets ton pied là !

— Ta main ici.

— Hardi !

Et quand il fut à sa portée, il l’empoigna brusquement et vigoureusement par le bras et le tira à lui.

— Gobé ! dit-il.

Le môme avait franchi la crevasse.

— Maintenant, fit Gavroche, attends-moi. Monsieur, prenez la peine de vous asseoir.

Et, sortant de la crevasse comme il y était entré, il se laissa glisser avec l’agilité d’un ouistiti le long de la jambe de l’éléphant, il tomba debout sur ses pieds dans l’herbe, saisit le petit de cinq ans à bras-le-corps et le planta au beau milieu de l’échelle, puis il se mit à monter derrière lui en criant à l’aîné :

— Je vas le pousser, tu vas le tirer.

En un instant le petit fut monté, poussé, traîné, tiré, bourré, fourré dans le trou sans avoir eu le temps de se reconnaître, et Gavroche, entrant après lui, repoussant d’un coup de talon l’échelle qui tomba sur le gazon, se mit à battre des mains et cria :

— Nous y v’là ! Vive le général Lafayette !

Cette explosion passée, il ajouta :