Page:Hugo - Les Misérables Tome IV (1890).djvu/255

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flamme de la bougie tant qu’elle avait brillé, mais dès que cette caverne, qui était comme leur cité, avait été rendue à la nuit, sentant là ce que le bon conteur Perrault appelle « de la chair fraîche », ils s’étaient rués en foule sur la tente de Gavroche, avaient grimpé jusqu’au sommet, et en mordaient les mailles comme s’ils cherchaient à percer cette zinzelière d’un nouveau genre.

Cependant le petit ne dormait pas.

— Monsieur ! reprit-il.

— Hein ? fit Gavroche.

— Qu’est-ce que c’est donc que les rats ?

— C’est des souris.

Cette explication rassura un peu l’enfant. Il avait vu dans sa vie des souris blanches et il n’en avait pas eu peur. Pourtant il éleva encore la voix :

— Monsieur ?

— Hein ? reprit Gavroche.

— Pourquoi n’avez-vous pas un chat ?

— J’en ai eu un, répondit Gavroche, j’en ai apporté un, mais ils me l’ont mangé.

Cette seconde explication défit l’œuvre de la première, et le petit recommença à trembler. Le dialogue entre lui et Gavroche reprit pour la quatrième fois.

— Monsieur !

— Hein ?

— Qui ça qui a été mangé ?

— Le chat.

— Qui ça qui a mangé le chat ?

— Les rats.