toute la matinée immobile, le front baissé, l’œil vaguement fixé sur ses plates-bandes flétries. Il pleuvait par instants, le vieillard ne semblait pas s’en apercevoir. Dans l’après-midi, des bruits extraordinaires éclatèrent dans Paris. Cela ressemblait à des coups de fusil et aux clameurs d’une multitude.
Le père Mabeuf leva la tête. Il aperçut un jardinier qui passait, et demanda :
— Qu’est-ce que c’est ?
Le jardinier répondit, sa bêche sur le dos, et de l’accent le plus paisible :
— Ce sont des émeutes.
— Comment des émeutes ?
— Oui. On se bat.
— Pourquoi se bat-on ?
— Ah ! dame ! fit le jardinier.
— De quel côté ? reprit M. Mabeuf.
— Du côté de l’Arsenal.
Le père Mabeuf rentra chez lui, prit son chapeau, chercha machinalement un livre pour le mettre sous son bras, n’en trouva point, dit : Ah ! c’est vrai ! et s’en alla d’un air égaré.