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LES MISÉRABLES. — L’ÉPOPÉE RUE St-DENIS.

une armée dans la main, hésitait ; la nuit allait venir et l’on commençait à entendre le tocsin de Saint-Merry. Le ministre de la guerre d’alors, le général Soult, qui avait vu Austerlitz, regardait cela d’un air sombre.

Ces vieux matelots-là, habitués à la manœuvre correcte et n’ayant pour ressource et pour guide que la tactique, cette boussole des batailles, sont tout désorientés en présence de cette immense écume qu’on appelle la colère publique. Le vent des révolutions n’est pas maniable.

Les gardes nationales de la banlieue accouraient en hâte et en désordre. Un bataillon du 12e léger venait au pas de course de Saint-Denis, le 14e de ligne arrivait de Courbevoie, les batteries de l’école militaire avaient pris position au Carrousel ; des canons descendaient de Vincennes.

La solitude se faisait aux Tuileries, Louis-Philippe était plein de sérénité.