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V

LES PRÉPARATIFS



Les journaux du temps qui ont dit que la barricade de la rue de la Chanvrerie, cette construction presque inexpugnable, comme ils l’appellent, atteignait au niveau d’un premier étage, se sont trompés. Le fait est qu’elle ne dépassait pas une hauteur moyenne de six ou sept pieds. Elle était bâtie de manière que les combattants pouvaient, à volonté, ou disparaître derrière, ou dominer le barrage et même en escalader la crête au moyen d’une quadruple rangée de pavés superposés et arrangés en gradins à l’intérieur. Au dehors le front de la barricade, composé de piles de pavés et de tonneaux reliés par des poutres et des planches qui s’enchevêtraient dans les roues de la charrette Anceau et de l’omnibus renversé, avait un aspect hérissé et inextricable. Une coupure suffisante pour qu’un homme y pût passer avait été ménagée entre le mur des maisons et l’extrémité de la barricade la plus éloignée du cabaret, de façon qu’une sortie était possible. La flèche de