artisan. Il portait un vaste tablier de cuir qui montait jusqu’à son épaule gauche, et dans lequel faisaient ventre un marteau, un mouchoir rouge, une poire à poudre, toutes sortes d’objets que la ceinture retenait comme dans une poche. Il renversait la tête en arrière ; sa chemise largement ouverte et rabattue montrait son cou de taureau, blanc et nu. Il avait d’épais sourcils, d’énormes favoris noirs, les yeux à fleur de tête, le bas du visage en museau, et sur tout cela cet air d’être chez soi qui est une chose inexprimable.
— Monsieur, dit le voyageur, pardon. En payant, pourriez-vous me donner une assiettée de soupe et un coin pour dormir dans ce hangar qui est là dans ce jardin ? Dites, pourriez-vous ? En payant.
— Qui êtes-vous ? demanda le maître du logis.
L’homme répondit : — J’arrive de Puy-Moisson. J’ai marché toute la journée. J’ai fait douze lieues. Pourriez-vous ? En payant.
— Je ne refuserais pas, dit le paysan, de loger quelqu’un de bien qui payerait. Mais pourquoi n’allez-vous pas à l’auberge ?
— Il n’y a pas de place.
— Bah ! pas possible. Ce n’est pas jour de foire ni de marché. Êtes-vous allé chez Labarre ?
— Oui.
Le voyageur répondit avec embarras : — Je ne sais pas, il ne m’a pas reçu.
— Êtes-vous allé chez chose, de la rue de Chaffaut ?
L’embarras de l’étranger croissait. Il balbutia :