L’affaire Champmathieu. | 451 |
endroits. Il faudrait l’acheter d’abord, car on ne vous connaît pas. Mais ni à vendre, ni à louer, ni pour cinq cents francs, ni pour mille, vous ne le trouveriez pas !
— Comment faire ?
— Le mieux, là, en honnête homme, c’est que je raccommode la roue et que vous remettiez votre voyage à demain.
— Demain il sera trop tard.
— Dame !
— N’y a-t-il pas la malle-poste qui va à Arras ? Quand passe-t-elle ?
— La nuit prochaine. Les deux malles font le service la nuit, celle qui monte comme celle qui descend.
— Comment ! il vous faut une journée pour raccommoder cette roue ?
— Une journée, et une bonne !
— En mettant deux ouvriers ?
— En en mettant dix !
— Si on liait les rayons avec des cordes ?
— Les rayons, oui ; le moyeu, non. Et puis la jante aussi est en mauvais état.
— Y a-t-il un loueur de voitures dans la ville ?
— Non.
— Y a-t-il un autre charron ?
Le garçon d’écurie et le maître charron répondirent en même temps en hochant la tête.
— Non.
Il sentit une immense joie.
Il était évident que la providence s’en mêlait. C’était elle qui avait brisé la roue du tilbury et qui l’arrêtait en