Page:Hugo - Les Misérables Tome I (1890).djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
  L’affaire Champmathieu. 475

— Pardon, monsieur, vous êtes peut-être un parent ?

— Non, Je ne connais personne ici. Et y a-t-il eu condamnation ?

— Sans doute. Cela n’était guère possible autrement.

— Aux travaux forcés ?…

— À perpétuité.

Il reprit d’une voix tellement faible qu’on l’entendait à peine :

— L’identité a donc été constatée ?

— Quelle identité ? répondit l’avocat. Il n’y avait pas d’identité à constater. L’affaire était simple. Cette femme avait tué son enfant, l’infanticide a été prouvé, le jury a écarté la préméditation, on l’a condamnée à vie.

— C’est donc une femme ? dit-il.

— Mais sûrement. La fille Limosin. De quoi me parlez-vous donc ?

— De rien. Mais puisque c’est fini, comment se fait-il que la salle soit encore éclairée ?

— C’est pour l’autre affaire qu’on a commencée il y a à peu près deux heures.

— Quelle autre affaire ?

— Oh ! celle-là est claire aussi. C’est une espèce de gueux, un récidiviste, un galérien, qui a volé. Je ne sais plus trop son nom. En voilà un qui vous a une mine de bandit. Rien que pour avoir cette figure-là, je l’enverrais aux galères.

— Monsieur, demanda-t-il, y a-t-il moyen de pénétrer dans la salle ?

— Je ne crois vraiment pas. Il y a beaucoup de foule. Cependant l’audience est suspendue. Il y a des gens qui sont