Marius, dont presque toutes les forces étaient revenues, les rassembla, se dressa sur son séant, appuya ses deux poings crispés sur les draps de son lit, regarda son grand-père en face, prit un air terrible, et dit :
— Ceci m’amène à vous dire une chose.
— Laquelle ?
— C’est que je veux me marier.
— Prévu, dit le grand-père. Et il éclata de rire.
— Comment, prévu ?
— Oui, prévu. Tu l’auras, ta fillette.
Marius, stupéfait et accablé par l’éblouissement, trembla de tous ses membres.
M. Gillenormand continua :
— Oui, tu l’auras, ta belle jolie petite fille. Elle vient tous les jours sous la forme d’un vieux monsieur savoir de tes nouvelles. Depuis que tu es blessé, elle passe son temps à pleurer et à faire de la charpie. Je me suis informé. Elle demeure rue de l’Homme-Armé, numéro sept. Ah, nous y voilà ! Ah ! tu la veux. Eh bien, tu l’auras. Ça t’attrape. Tu avais fait ton petit complot, tu t’étais dit : — Je vais lui signifier cela carrément à ce grand-père, à cette momie de la régence et du directoire, à cet ancien beau, à ce Dorante devenu Géronte ; il a eu ses légèretés aussi, lui, et ses amourettes, et ses grisettes, et ses Cosettes ; il a fait son frou-frou, il a eu ses ailes, il a mangé du pain du printemps ; il faudra bien qu’il s’en souvienne. Nous allons voir. Bataille. Ah ! Tu prends le hanneton par les cornes. C’est bon. Je t’offre une côtelette, et tu me réponds : À propos, je veux me marier. C’est ça qui est une transition ! Ah ! tu