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LES MISÉRABLES. — JEAN VALJEAN.

— J’ai dîné.

— Ce n’est pas vrai. Je vous ferai gronder par monsieur Gillenormand. Les grands-pères sont faits pour tancer les pères. Allons. Montez avec moi dans le salon. Tout de suite.

— Impossible.

Cosette ici perdit un peu de terrain. Elle cessa d’ordonner et passa aux questions.

— Mais pourquoi ? Et vous choisissez pour me voir la chambre la plus laide de la maison. C’est horrible ici.

— Tu sais…

Jean Valjean se reprit.

— Vous savez, madame, je suis particulier, j’ai mes lubies.

Cosette frappa ses petites mains l’une contre l’autre.

— Madame !… vous savez !… encore du nouveau ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

Jean Valjean attacha sur elle ce sourire navrant auquel il avait parfois recours.

— Vous avez voulu être madame. Vous l’êtes.

— Pas pour vous, père.

— Ne m’appelez plus père.

— Comment ?

— Appelez-moi monsieur Jean. Jean, si vous voulez.

— Vous n’êtes plus père ? je ne suis plus Cosette ? monsieur Jean ? Qu’est-ce que cela signifie ? mais c’est des révolutions, ça ! que s’est-il donc passé ? Regardez-moi donc un peu en face. Et vous ne voulez pas demeurer avec nous ! Et vous ne voulez pas de ma chambre ! Qu’est-ce que je vous