Aller au contenu

Page:Hugo - Les Misérables Tome V (1890).djvu/522

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
520
LES MISÉRABLES. — JEAN VALJEAN.

sure du lichen, et des fientes d’oiseaux. L’eau la verdit, l’air la noircit. Elle n’est voisine d’aucun sentier, et l’on n’aime pas à aller de ce côté-là, parce que l’herbe est haute et qu’on a tout de suite les pieds mouillés. Quand il y a un peu de soleil, les lézards y viennent. Il y a, tout autour, un frémissement de folles avoines. Au printemps, les fauvettes chantent dans l’arbre.

Cette pierre est toute nue. On n’a songé en la taillant qu’au nécessaire de la tombe, et l’on n’a pris d’autre soin que de faire cette pierre assez longue et assez étroite pour couvrir un homme.

On n’y lit aucun nom.

Seulement, voilà de cela bien des années déjà, une main y a écrit au crayon ces quatre vers qui sont devenus peu à peu illisibles sous la pluie et la poussière, et qui probablement sont aujourd’hui effacés :


Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n’eut plus son ange,
La chose simplement d’elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va.