Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LES TRAVAILLEURS DE LA MER

le Bora de l’Adriatique ; tel autre jour le Notus giratoire qu’on prétend enfermé dans le rond des Cyclades. Il en spécifiait les effluves. Il ne pensait pas que l’autan qui tourne entre Malte et Tunis et que l’autan qui tourne entre la Corse et les Baléares fussent dans l’impossibilité de s’échapper. Il n’admettait point qu’il y eût des vents ours dans des cages. Il disait : « toute pluie vient du tropique et tout éclair vient du pôle. » Le vent en effet se sature d’électricité à l’intersection des colures, qui marque les extrémités de l’axe, et d’eau à l’équateur ; et il nous apporte de la ligne le liquide et des pôles le fluide.

Ubiquité, c’est le vent.

Ceci ne veut pas dire, certes, que les zones venteuses n’existent pas. Rien n’est plus démontré que ces afflations à courants continus, et un jour la navigation aérienne, servie par les air-navires que nous nommons, par manie du grec, aéroscaphes, en utilisera les lignes principales. La canalisation de l’air par le vent est incontestable, il y a des fleuves de vent, des rivières de vent et des ruisseaux de vent ; seulement les embranchements de l’air se font à l’inverse des embranchements de l’eau ; ce sont les ruisseaux qui sortent des rivières et les rivières qui sortent des fleuves, au lieu d’y tomber ; de là, au lieu de la concentration, la dispersion.

C’est cette dispersion qui fait la solidarité des vents et l’unité de l’atmosphère. Une molécule déplacée déplace l’autre. Tout le vent remue ensemble. À ces profondes causes d’amalgame, ajoutez le relief du globe, trouant l’atmosphère par toutes ses montagnes, faisant des nœuds et des