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LA LUTTE

planche qui tombe à terre. Il se cassa, pour ainsi dire. L’immense machine des nuages se défit. Une lézarde de ciel clair disjoignit les ténèbres. Gilliatt fut stupéfait, il était grand jour.

La tempête avait duré près de vingt heures.

Le vent qui avait apporté, remporta. Un écroulement d’obscurité diffuse encombra l’horizon. Les brumes rompues et fuyantes se massèrent pêle-mêle en tumulte, il y eut d’un bout à l’autre de la ligne des nuages un mouvement de retraite, on entendit une longue rumeur décroissante, quelques dernières gouttes de pluie tombèrent, et toute cette ombre pleine de tonnerres s’en alla comme une cohue de chars terribles.

Brusquement le ciel fut bleu.

Gilliatt s’aperçut qu’il était las. Le sommeil s’abat sur la fatigue comme un oiseau de proie. Gilliatt se laissa fléchir et tomber dans la barque sans choisir la place, et s’endormit. Il resta ainsi quelques heures inerte et allongé, peu distinct des poutres et des solives parmi lesquelles il gisait.