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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

pieds. Un gros crabe, effrayé de son approche, venait de sauter à l’eau. Le crabe ne s’enfonça point assez pour que Gilliatt le perdît de vue.

Gilliatt se mit à courir après le crabe sur le soubassement de l’écueil. Le crabe fuyait.

Subitement il n’y eut plus rien.

Le crabe venait de se fourrer dans quelque crevasse sous le rocher.

Gilliatt se cramponna du poing à des reliefs de roche et avança la tête pour voir sous les surplombs.

Il y avait là, en effet, une anfractuosité. Le crabe avait dû s’y réfugier.

C’était mieux qu’une crevasse. C’était une espèce de porche.

La mer entrait sous ce porche, mais n’y était pas profonde. On voyait le fond couvert de galets. Ces galets étaient glauques et revêtus de conferves, ce qui indiquait qu’ils n’étaient jamais à sec. Ils ressemblaient à des dessus de têtes d’enfants avec des cheveux verts.

Gilliatt prit son couteau dans ses dents, descendit des pieds et des mains du haut de l’escarpement et sauta dans cette eau. Il en eut presque jusqu’aux épaules.

Il s’engagea sous ce porche. Il se trouvait dans un couloir fruste avec une ébauche de voûte ogive sur sa tête. Les parois étaient polies et lisses. Il ne voyait plus le crabe. Il avait pied. Il avançait dans une décroissance de jour. Il commençait à ne plus rien distinguer.

Après une quinzaine de pas, la voûte cessa au-dessus de lui. Il était hors du couloir. Il y avait plus d’espace, et par