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NUIT ET LUNE

de clair de lune s’encadrait dans les vitres, et sur cette clarté, tout près de la maison, se découpait, droite, ronde et noire, une silhouette superbe.

Un tuyau de machine était là.

Lethierry se précipita à bas du hamac, courut à la fenêtre, leva le châssis, se pencha dehors, et la reconnut.

La cheminée de la Durande était devant lui.

Elle était à l’ancienne place.

Ses quatre chaînes la maintenaient amarrée au bordage d’un bateau dans lequel, au-dessous d’elle, on distinguait une masse qui avait un contour compliqué.

Lethierry recula, tourna le dos à la fenêtre, et retomba assis sur le hamac.

Il se retourna, et revit la vision.

Un moment après, le temps d’un éclair, il était sur le quai, une lanterne à la main.

Au vieil anneau d’amarrage de la Durande était attachée une barque portant un peu à l’arrière un bloc massif d’où sortait la cheminée droite devant la fenêtre des Bravées. L’avant de la barque se prolongeait, en dehors du coin du mur de la maison, à fleur de quai.

Il n’y avait personne dans la barque.

Cette barque avait une forme à elle et dont tout Guernesey eût donné le signalement. C’était la panse.

Lethierry sauta dedans. Il courut à la masse qu’il voyait au delà du mât. C’était la machine. Elle était là, entière, complète, intacte, carrément assise sur son plancher de fonte ; la chaudière avait toutes ses cloisons ; l’arbre des roues était dressé et amarré près de