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L’ÉCUEIL

Il avait passé une partie de la journée à trier les décombres. Il mit de côté, dans le compartiment solide où était la machine, tout ce qui pouvait servir, bois, fer, cordage, toile. Il jeta à la mer l’inutile.

Le chargement de la panse, hissé par le cabestan sur le pont, était, quelque sommaire qu’il fût, un encombrement. Gilliatt avisa l’espèce de niche creusée, à une hauteur que sa main pouvait atteindre, dans la muraille de la petite Douvre. On voit souvent dans les rochers de ces armoires naturelles, point fermées, il est vrai. Il pensa qu’il était possible de confier à cette niche un dépôt. Il mit au fond ses deux caisses, celle des outils et celle des vêtements, ses deux sacs, le seigle et le biscuit, et sur le devant, un peu trop près du bord peut-être, mais il n’avait pas d’autre place, le panier de provisions.

Il avait eu le soin de retirer de la caisse aux vêtements sa peau de mouton, son suroît à capuchon et ses jambières goudronnées.

Pour ôter prise au vent sur la corde à nœuds, il en attacha l’extrémité inférieure à une porque de la Durande.

La Durande ayant beaucoup de rentrée, cette porque avait beaucoup de courbure, et tenait le bout de la corde aussi bien que l’eût fait une main fermée.

Restait le haut de la corde. Assujettir le bas était bien, mais au sommet de l’escarpement, à l’endroit où la corde à nœuds rencontrait l’arête de la plate-forme, il était à craindre qu’elle ne fût peu à peu sciée par l’angle vif du rocher.

Gilliatt fouilla le monceau de décombres en réserve, et y prit quelques loques de toile à voile et, dans un tronçon de