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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/58

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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

il n’y avait nulle confusion des garcettes de ris avec les garcettes de tournevire, ni des araignées avec les touées, ni des poulies de galhauban avec les poulies de franc-funin, ni des morceaux de virure avec les morceaux de vibord ; un recoin avait été réservé à une partie du trelingage de la Durande, qui appuyait les haubans de hune et les gambes de hune. Chaque débris avait sa place. Tout le naufrage était là, classé et étiqueté. C’était quelque chose comme le chaos en magasin.

Une voile d’étai, fixée par de grosses pierres, recouvrait, fort trouée il est vrai, ce que la pluie pouvait endommager.

Si fracassé qu’eût été l’avant de la Durande, Gilliatt était parvenu à sauver les deux bossoirs avec leurs trois roues de poulies.

Il retrouva le beaupré, et il eut beaucoup de peine à en dérouler les liures ; elles étaient fort adhérentes, ayant été, comme toujours, faites au cabestan, et par un temps sec. Gilliatt pourtant les détacha, ce gros funin pouvant lui être fort utile.

Il avait également recueilli la petite ancre qui était demeurée accrochée dans un creux de bas-fond où la mer descendante la découvrait.

Il trouva dans ce qui avait été la cabine de Tangrouille un morceau de craie, et le serra soigneusement. On peut avoir des marques à faire.

Un seau de cuir à incendie et plusieurs bailles en assez bon état complétaient cet en-cas de travail.

Tout ce qui restait du chargement de charbon de terre de la Durande fut porté dans le magasin.