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DURANDE ET DÉRUCHETTE

Paraguay les araignées d’oiseaux, velues, grosses comme une tête d’enfant, couvrant de leurs pattes un diamètre d’un tiers d’aune, et attaquant l’homme, auquel elles lancent leurs poils qui s’enfoncent comme des flèches dans la chair et y soulèvent des pustules. Sur le fleuve Arinos, affluent du Tocantins, dans les forêts vierges au nord de Diamantina, il avait constaté l’effrayant peuple chauve-souris, les murcilagos, hommes qui naissent avec les cheveux blancs et les yeux rouges, habitent le sombre des bois, dorment le jour, s’éveillent la nuit, et pêchent et chassent dans les ténèbres, y voyant mieux quand il n’y a pas de lune. Près de Beyrouth, dans un campement d’une expédition dont il faisait partie, un pluviomètre ayant été volé dans une tente, un sorcier, habillé de deux ou trois bandelettes de cuir et ressemblant à un homme qui serait vêtu de ses bretelles, avait si furieusement agité une sonnette au bout d’une corne qu’une hyène était venue rapporter le pluviomètre. Cette hyène était la voleuse. Ces histoires vraies ressemblaient tant à des contes qu’elles amusaient Déruchette.

La poupée de la Durande était le lien entre le bateau et la fille. On nomme poupée dans les îles normandes la figure taillée dans la proue, statue de bois sculptée à peu près. De là, pour dire naviguer, cette locution locale, être entre poupe et poupée.

la poupée de la Durande était particulièrement chère à mess Lethierry. Il l’avait commandée au charpentier ressemblante à Déruchette. Elle ressemblait à coups de hache. C’était une bûche faisant effort pour être une jolie fille.

Ce bloc légèrement difforme faisait illusion à mess Le-