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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/206

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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

un peu le gendre de mess Lethierry. Pourquoi ne pas fondre les deux gendres dans un ? Il caressait cette idée. Il voyait, lui aussi, apparaître dans ses songes un fiancé. Un puissant gabier basané et fauve, athlète de la mer, voilà son idéal. Ce n’était pas tout à fait celui de Déruchette. Elle faisait un rêve plus rose.

Quoi qu’il en fût, l’oncle et la nièce semblaient être d’accord pour ne point se hâter. Quand on avait vu Déruchette devenir une héritière probable, les partis s’étaient présentés en foule. Ces empressements-là ne sont pas toujours de bonne qualité. Mess Lethierry le sentait. Il grommelait : fille d’or, épouseur de cuivre. Et il éconduisait les prétendants. Il attendait. Elle de même.

Chose singulière, il tenait peu à l’aristocratie. De ce côté-là, mess Lethierry était un anglais invraisemblable. On croira difficilement qu’il avait été jusqu’à refuser pour Déruchette un Ganduel, de Jersey, et un Bugnet-Nicolin, de Serk. On n’a pas même craint d’affirmer, mais nous doutons que cela soit possible, qu’il n’avait point accepté une ouverture venant de l’aristocratie d’Aurigny, et qu’il avait décliné les propositions d’un membre de la famille Édou, laquelle évidemment descend d’Édouard le confesseur.