Il semblait en arrêt. Sur qui ? Sur les coquins probablement.
Tous les mardis il menait la Durande de Guernesey à Saint-Malo. Il arrivait à Saint-Malo le mardi soir, séjournait deux jours pour faire son chargement, et repartait pour Guernesey le vendredi matin.
Il y avait alors à Saint-Malo une petite hôtellerie sur le port qu’on appelait l’auberge Jean.
La construction des quais actuels a démoli cette auberge.
À cette époque la mer venait mouiller la porte Saint-Vincent et la porte Dinan ; Saint-Malo et Saint-Servan communiquaient à marée basse par des carrioles et des maringottes roulant et circulant entre les navires à sec, évitant les bouées, les ancres et les cordages, et risquant parfois de crever leur capote de cuir à une basse vergue ou à une barre de clin-foc. Entre deux marées, les cochers houspillaient leurs chevaux sur ce sable où, six heures après, le vent fouettait le flot. Sur cette même grève rôdaient jadis les vingt-quatre dogues portiers de Saint-Malo, qui mangèrent un officier de marine en 1770. Cet excès de zèle les a fait supprimer. Aujourd’hui l’on n’entend plus d’aboiements nocturnes entre le petit Talard et le grand Talard.
Sieur Clubin descendait à l’auberge Jean. C’est là qu’était le bureau français de la Durande.
Les douaniers et les gardes-côtes venaient prendre leurs repas et boire à l’auberge Jean. Ils avaient leur table à part. Les douaniers de Binic se rencontraient là, utilement pour le service, avec les douaniers de Saint-Malo.