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LE REVOLVER

méchant, très bon, blond jusqu’au roux, ayant parlé à des parisiens. Pour le moment, il gagnait un chelin par jour à calfater des barques de poissonniers, en réparation aux pêqueries. Quand l’envie lui en prenait, il se donnait des vacances, et allait dénicher des oiseaux. Tel était le petit français.

La solitude du lieu avait on ne sait quoi de funèbre. On sentait là l’inviolabilité menaçante. C’était farouche. Ce plateau, silencieux et nu, dérobait à très courte distance dans le précipice sa courbe déclive et fuyante. La mer en bas se taisait. Il n’y avait point de vent. Les brins d’herbe ne bougeaient pas.

Les petits déniquoiseaux avançaient à pas lents, l’enfant français en tête, en regardant la maison.

L’un d’eux, plus tard, en racontant le fait, ou l’à peu près qui lui en était resté, ajoutait : « elle ne disait rien. »

ils s’approchaient en retenant leur haleine, comme on approcherait d’une bête.

Ils avaient gravi le roidillon qui est derrière la maison et qui aboutit du côté de la mer à un petit isthme de rochers peu praticable ; ils étaient parvenus assez près de la masure ; mais ils ne voyaient que la façade sud, qui est toute murée ; ils n’avaient pas osé tourner à gauche, ce qui les eût exposés à voir l’autre façade où il y a deux fenêtres, ce qui est terrible.

Cependant ils s’enhardirent, l’apprenti calfat leur ayant dit tout bas : — Virons à bâbord. C’est ce côté-là qui est le beau. Il faut voir les deux fenêtres noires.