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LE TIMONIER IVRE ET LE CAPITAINE SOBRE

les a comptées, et l’on en a trouvé six mille deux cent soixante-huit.

Le guernesiais à la longue-vue avait abordé les malouins marchands de bœufs, et leur parlage était quelque chose en ce genre :

— Le bœuf d’Aubrac a le torse rond et trapu, les jambes courtes, le pelage fauve. Il est lent au travail, à cause de la brièveté des jambes.

— Sous ce rapport, le Salers vaut mieux que l’Aubrac.

— Monsieur, j’ai vu deux beaux bœufs dans ma vie. Le premier avait les jambes basses, l’avant épais, la culotte pleine, les hanches larges, une bonne longueur de la nuque à la croupe, une bonne hauteur au garrot, les maniements riches, la peau facile à détacher. Le second offrait tous les signes d’un engraissement judicieux. Torse ramassé, encolure forte, jambes légères, robe blanche et rouge, culotte retombante.

— Ça, c’est la race cotentine.

— Oui, mais ayant eu quelque rapport avec le taureau angus ou le taureau suffolk.

— Monsieur, vous me croirez si vous voulez, dans le midi il y a des concours d’ânes.

— D’ânes ?

— D’ânes. Comme j’ai l’honneur. Et ce sont les laids qui sont les beaux.

— Alors c’est comme les mulassières. Ce sont les laides qui sont les bonnes.

— Justement. La jument poitevine. Gros ventre, grosses jambes.