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Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome I (1891).djvu/410

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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

garçon : — Si je m’en vas, ce n’est pas pour l’amour de ne pas être avec toi, c’est que j’ai mon fait à choser. Ils furent distraits de leur baiser d’adieu par une assez grosse barque qui passa très près d’eux et qui se dirigeait vers les Messellettes.

Monsieur Le Peyre des Norgiots, habitant le cotillon Pipet, était occupé vers neuf heures du soir à examiner un trou fait par des maraudeurs dans la haie de son courtil, la Jennerotte, et de son « friquet planté à arbres » ; tout en constatant le dommage, il ne put s’empêcher de remarquer une barque doublant témérairement le Crocq-Point à cette heure de nuit.

Un lendemain de tempête, avec ce qui reste d’agitation à la mer, cet itinéraire était peu sûr. On était imprudent de le choisir, à moins de savoir par cœur les passes.

À neuf heures et demie, à l’Équerrier, un chalutier remportant son filet s’arrêta quelque temps pour considérer entre Colombelle et la Souffleresse quelque chose qui devait être un bateau. Ce bateau s’exposait beaucoup. Il y a là des coups de vent subits très dangereux. La roche Souffleresse est ainsi nommée parce qu’elle souffle brusquement sur les barques.

À l’instant où la lune se levait, la marée étant pleine et la mer étant étale dans le petit détroit de Li-Hou, le gardien solitaire de l’île de Li-Hou fut très effrayé ; il vit passer entre la lune et lui une longue forme noire. Cette forme noire, haute et étroite, ressemblait à un linceul debout qui marcherait. Elle glissait lentement au-dessus des espèces de murs que font les bancs de rochers. Le gardien de Li-Hou crut reconnaître la Dame Noire.