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large échelle et donne d’excellents résultats. À Jersey, émet des billets de banque qui veut ; si ces billets résistent à l’afflux du remboursement, la banque est fondée. Le billet de banque de l’archipel est invariablement d’une livre sterling. Le jour où le billet a rente serait compris des anglo-normands, ils le pratiqueraient sans nul doute, et l’on aurait ce curieux spectacle de voir le même fait à l’état d’utopie en Europe et de progrès accompli dans les Channel’s Islands. La révolution financière serait microscopiquement faite dans ce petit coin du monde.

Une intelligence ferme, vive, alerte, rapide, caractérise les jersiais, qui seraient, s’ils voulaient, d’admirables français. Les guernesiais, tout aussi pénétrants et tout aussi solides, sont plus lents.

Ce sont de vaillantes et fortes populations, éclairées plus qu’on ne croit, et chez lesquelles on a plus d’un étonnement. Les journaux y abondent, en anglais et en français ; six à Jersey, quatre à Guernesey ; de fort grands et de fort bons journaux. Tel est le puissant et irréductible instinct anglais. Supposez une île déserte ; le lendemain de son arrivée, Robinson fait un journal, et Vendredi s’y abonne.

Pour complément l’affiche. Affichage illimité et colossal, pancartes de toute couleur et de toute dimension, majuscules, images, textes illustrés, en plein air ; sur tous les murs de Guernesey, une vaste vignette, représentant un homme de six pieds de haut une cloche à la main, sonne le tocsin de l’annonce, Guernesey, à cette heure, a plus d’affiches que toute la France.

De cette publicité sort la vie. Vie de la pensée très sou-