Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/31

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Gennaro. Comme vous lisez cela tendrement ! On ne dirait pas que vous lisez, mais que vous parlez. -ah ! Vous pleurez ! -vous êtes bonne, madame, et je vous aime de pleurer de ce qu’écrit ma mère. Il reprend la lettre, la baise de nouveau, et la remet dans sa poitrine.

—oui, vous voyez, il y a eu bien des crimes autour de mon berceau. -ma pauvre mère ! -n’est-ce pas que vous comprenez maintenant que je m’arrête peu aux galanteries et aux amourettes, parce que je n’ai qu’une pensée au cœur, ma mère ! Oh ! Délivrer ma mère ! La servir, la venger, la consoler ! Quel bonheur ! Je penserai à l’amour après ! Tout ce que je fais, je le fais pour être digne de ma mère. Il y a bien des aventuriers qui ne sont pas scrupuleux, et qui se battraient pour Satan après s’être battus pour saint Michel ; moi, je ne sers que des causes justes ; je veux pouvoir déposer un jour aux pieds de ma mère une épée nette et loyale comme celle d’un empereur. -tenez, madame, on m’a offert un gros enrôlement au service de cette infâme Madame Lucrèce Borgia. J’ai refusé.

Dona Lucrezia. Gennaro ! -Gennaro ! Ayez pitié des méchans ! Vous ne savez pas ce qui se passe dans leur cœur.