Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/66

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Dona Lucrezia, d’un air riant et plein de douceur. Don Alphonse, don Alphonse, en vérité, nous disons là des folies vous et moi. Tenez, c’est vrai, je suis une femme pleine de déraison. Mon père m’a gâtée ; que voulez-vous ? On a depuis mon enfance obéi à tous mes caprices. Ce que je voulais il y a un quart d’heure, je ne le veux plus à présent. Vous savez bien, don Alphonse, que j’ai toujours été ainsi. Tenez, asseyez-vous là, près de moi, et causons un peu, tendrement, cordialement, comme mari et femme, comme deux bons amis.

Don Alphonse, prenant de son côté un air de galanterie. Dona Lucrezia, vous êtes ma dame, et je suis trop heureux qu’il vous plaise de m’avoir un instant à vos pieds.

Il s’assied près d’elle.

Dona Lucrezia. Comme cela est bon de s’entendre ! Savez-vous bien, Alphonse, que je vous aime encore comme le premier jour de mon mariage, ce jour où vous fîtes une si éblouissante entrée à Rome, entre Monsieur De Valentinois, mon frère, et monsieur le cardinal Hippolyte D’Este, le vôtre. J’étais sur le balcon des degrés de saint-Pierre. Je me rappelle encore votre beau cheval blanc chargé d