Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/71

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proie ! Parce que tout à l’heure encore vous le couviez d’un regard plein de pleurs et plein de flamme ! Parce que vous vous êtes prostituée à lui, sans aucun doute, madame ! Parce que c’est assez de honte et d’infamie et d’adultère comme cela ! Parce qu’il est temps que je venge mon honneur et que je fasse couler autour de mon lit un fossé de sang, entendez-vous, madame !

Dona Lucrezia. Don Alphonse…

Don Alphonse. Taisez-vous. -veillez sur vos amants désormais, Lucrèce ! La porte par laquelle on entre dans votre chambre de nuit, mettez-y tel huissier qu’il vous plaira ; mais à la porte par où l’on sort, il y aura maintenant un portier de mon choix, -le bourreau !

Dona Lucrezia. Monseigneur, je vous jure…

Don Alphonse. Ne jurez pas. Les sermens, cela est bon pour le peuple. Ne me donnez pas de ces mauvaises raisons-là.

Dona Lucrezia. Si vous saviez…

Don Alphonse. Tenez, madame, je hais toute votre abominable famille de Borgia, et vous toute la première, que j’ai si follement aimée ! Il faut que je vous