Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/74

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de l’eau pure ! Tout beau ! Moi je suis un homme, madame. Le nom d’Hercule est souvent porté dans ma famille. Par le ciel ! J’ai des soldats plein ma ville et plein ma seigneurie, et j’en suis un moi-même, et je n’ai point encore vendu, comme ce pauvre roi de Naples, mes bons canons d’artillerie au pape, votre saint père !

Dona Lucrezia. Vous vous repentirez de ces paroles, monsieur. Vous oubliez qui je suis…

Don Alphonse. Je sais fort bien qui vous êtes, mais je sais aussi où vous êtes. Vous êtes la fille du pape, mais vous n’êtes pas à Rome ; vous êtes la gouvernante de Spolette, mais vous n’êtes pas à Spolette ; vous êtes la femme, la sujette et la servante d’Alphonse, duc de Ferrare, et vous êtes à Ferrare !

Dona Lucrezia, toute pâle de terreur et de colère, regarde fixement le duc et recule lentement devant lui, jusqu’à un fauteuil où elle vient tomber comme brisée.

—ah ! Cela vous étonne, vous avez peur de moi, madame, jusqu’ici c’était moi qui avais peur de vous. J’entends qu’il en soit ainsi désormais, et pour commencer, voici le premier de vos amans sur lequel je mets la main, il mourra.