Page:Hugo - Lucrèce Borgia, Dessau, 1833.djvu/88

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u, il ne serait plus temps. La vie ouvre en ce moment deux espaces obscurs devant toi, mais l’un a moins de minutes que l’autre n’a d’années. Il faut te déterminer pour l’un des deux. Le choix est terrible. Laisse-toi guider par moi. Aie pitié de toi et de moi, Gennaro. Bois vite, au nom du ciel !

Gennaro. Allons, c’est bien. S’il y a un crime en ceci, qu’il retombe sur votre tête. Après tout, que vous disiez vrai ou non, ma vie ne vaut pas la peine d’être tant disputée. Donnez.

Il prend la fiole et boit.

Dona Lucrezia. Sauvé ! -maintenant il faut repartir pour Venise de toute la vitesse de ton cheval. Tu as de l’argent ?

Gennaro. J’en ai.

Dona Lucrezia. Le duc te croit mort. Il sera aisé de lui cacher ta fuite. Attends ! Garde cette fiole et porte-la toujours sur toi. Dans des temps comme ceux où nous vivons, le poison est de tous les repas. Toi surtout, tu es exposé. Maintenant pars vite. Lui montrant la porte masquée qu’elle entr’ouvre.

—descends par cet escalier. Il donne dans une des cours du palais Negroni. Il te sera aisé de t’évader par là. N’attends pas jusqu’