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notre-dame de paris.

mêlait peu aux bacchanales de la rue du Fouarre, ne savait ce que c’était que dare alapas et capillos laniare, et n’avait fait aucune figure dans cette mutinerie de 1463 que les annalistes enregistrent gravement sous le titre de : « Sixième trouble de l’Université. » Il lui arrivait rarement de railler les pauvres écoliers de Montaigu pour les cappettes dont ils tiraient leur nom, ou les boursiers du collége de Dormans pour leur tonsure rase et leur surtout tri-parti de drap pers, bleu et violet, azurini coloris et bruni, comme dit la charte du cardinal des Quatre-Couronnes.

En revanche, il était assidu aux grandes et petites écoles de la rue Saint-Jean-de-Beauvais. Le premier écolier que l’abbé de Saint-Pierre-de-Val, au moment de commencer sa lecture de droit canon, apercevait toujours collé vis-à-vis de sa chaire à un pilier de l’école Saint-Vendregesile, c’était Claude Frollo, armé de son écritoire de corne, mâchant sa plume, griffonnant sur son genou usé, et, l’hiver, soufflant dans ses doigts. Le premier auditeur que messire Miles d’Isliers, docteur en décret, voyait arriver chaque lundi matin, tout essoufflé, à l’ouverture des portes de l’école du Chef-Saint-Denis, c’était Claude Frollo. Aussi, à seize ans, le jeune clerc eût pu tenir tête, en théologie mystique, à un père de l’Église ; en théologie canonique, à un père des conciles ; en théologie scolastique, à un docteur de Sorbonne.

La théologie dépassée, il s’était précipité dans le décret. Du Maître des Sentences il était tombé aux Capitulaires de Charlemagne ; et successivement il avait dévoré, dans son appétit de science, décrétales sur décrétales, celles de Théodore, évêque d’Hispale ; celles de Bouchard, évêque de Worms ; celles d’Yves, évêque de Chartres ; puis le décret de Gratien qui succéda aux capitulaires de Charlemagne ; puis le recueil de Grégoire IX ; puis l’épître Super specula d’Honorius III. Il se fit claire, il se fit familière cette vaste et tumultueuse période du droit civil et du droit canon en lutte et en travail dans le chaos du moyen âge, période que l’évêque Théodore ouvre en 618 et que ferme en 1227 le pape Grégoire.

Le décret digéré, il se jeta sur la médecine, sur les arts libéraux. Il étudia la science des herbes, la science des onguents ; il devint expert aux fièvres et aux contusions, aux navrures et aux aposthumes. Jacques d’Espars l’eût reçu médecin physicien ; Richard Hellain, médecin chirurgien. Il parcourut également tous les degrés de la licence, maîtrise et doctorerie des arts. Il étudia les langues, le latin, le grec, l’hébreu, triple sanctuaire alors bien peu fréquenté. C’était une véritable fièvre