Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/231

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conséquent, plus poignantes. Tout doit être subordonné à ce but. L’homme sur le premier plan, le reste au fond.

Pour en finir avec les observations minutieuses, notons encore en passant que Ruy Blas au théâtre, dit (IIIe acte) : Monsieur de Priego, comme sujet du roi, etc., et que dans le livre il dit : comme noble du roi. Le livre donne l’expression juste. En Espagne, il y avait deux espèces de nobles, les nobles du royaume, c’est-à-dire tous les gentilshommes, et les nobles du roi, c’est-à-dire les grands d’Espagne. Or, M. de Priego est grand d’Espagne, et par conséquent, noble du roi. Mais l’expression aurait pu paraître obscure à quelques spectateurs peu lettrés ; et, comme au théâtre deux ou trois personnes qui ne comprennent pas se croient parfois le droit de troubler deux mille personnes qui comprennent, l’auteur a fait dire à Ruy Blas sujet du roi pour noble du roi, comme il avait déjà fait dire à Angelo Malipieri la croix rouge au lieu de la croix de gueules. Il en offre ici toutes ses excuses aux spectateurs intelligents.

Maintenant qu’on lui permette d’accomplir un devoir qui est pour lui un plaisir, c’est-à-dire d’adresser un remercîment public à cette troupe excellente qui vient de se révéler tout à coup par Ruy Blas au public parisien dans la belle salle Ventadour, et qui a tout à la fois l’éclat des troupes neuves et l’ensemble des troupes anciennes. Il n’est pas un personnage de cette pièce, si petit qu’il soit, qui ne soit remarquablement bien représenté, et plusieurs des rôles secondaires laissent entrevoir aux connaisseurs, par des ouvertures trop étroites à la vérité, des talents fort distingués. Grâce, en grande