Page:Hugo - Ruy Blas, édition 1839.djvu/27

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Il déboutonne violemment son pourpoint.

— Tu m’agrafes toujours comme on agrafe un prêtre,
Tu serres mon pourpoint, et j’étouffe, mon cher ! —

Il s’assied.

Oh ! Mais je vais construire, et sans en avoir l’air,
Une sape profonde, obscure et souterraine !
— Chassé ! —

Il se lève.
Gudiel.

Chassé ! —D’où vient le coup, monseigneur ?

Don Salluste.

Chassé ! —D’où vient le coup, monseigneur ?De la reine.
Oh ! je me vengerai, Gudiel ! tu m’entends ?
Toi dont je suis l’élève, et qui depuis vingt ans
M’as aidé, m’as servi dans les choses passées,
Tu sais bien jusqu’où vont dans l’ombre mes pensées,
Comme un bon architecte au coup d’œil exercé
Connaît la profondeur du puits qu’il a creusé.
Je pars. Je vais aller à Finlas, en Castille,
Dans mes États, — et là, songer ! — Pour une fille !
— Toi, règle le départ, car nous sommes pressés.
Moi, je vais dire un mot au drôle que tu sais.
À tout hasard. Peut-il me servir ? Je l’ignore.
Ici jusqu’à ce soir je suis le maître encore.