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SHAKESPEARE L'ANCIEN

que brûla Amrou-ben-Alas, par permission d’Omar. » Abulfaradge, en 1260, dans son Histoire dynastique, raconte en propres termes que, sur l’ordre d’Omar, on prit les livres, de la bibliothèque, et qu’on en chauffa pendant six mois les bains d’Alexandrie. Selon Gibbon, il y avait à Alexandrie quatre mille bains. Ebn-khaldoun, dans ses Prolégomènes historiques, raconte une autre destruction, l’anéantissement de la bibliothèque des mèdes par Saad, lieutenant d’Omar. Or, Omar, ayant fait brûler en Perse la bibliothèque médique par Saad, était logique en faisant brûler en Égypte la bibliothèque égypto-grecque par Amrou. Ses lieutenants nous ont conservé son ordre : « Si ces livres contiennent des mensonges, au feu. S’ils contiennent des vérités, elles sont dans le Koran, au feu. » Au lieu de Koran, mettez Bible, Véda, Edda, Zend-Avesta, Toldos Jeschut, Talmud, Évangile, et vous avez la formule imperturbable et universelle de tous les fanatismes. Cela dit, nous ne voyons aucune raison pour casser le verdict de l’histoire, nous adjugeons au calife la fumée des sept cent mille volumes d’Alexandrie, Eschyle compris, et nous maintenons Omar en possession de son incendie.

Évergète, par volonté de jouissance exclusive et traitant une bibliothèque comme un