Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/246

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Chaque achèvement de siècle sera une étape. Jamais de solution de continuité. Ce qu’un esprit aura ébauché, un autre esprit le terminera, liant le phénomène au phénomène, quelquefois sans se douter de la soudure. A chaque révolution dans les faits correspondra une révolution proportionnée dans les idées, et réciproquement. L’horizon ne pourra s’élargir à droite sans s’étendre à gauche. Les hommes les plus divers, les plus contraires parfois, adhéreront par des côtés inattendus, et dans ces adhérences éclatera l’impérieuse logique du progrès. Orphée, Bouddha, Confucius, Zoroastre, Pythagore, Moïse, Manou, Mahomet, d’autres encore, seront les chaînons de la même chaîne. Un Gutenberg découvrant le procédé d’ensemencement de la civilisation et le mode d’ubiquité de la pensée, sera suivi d’un Christophe Colomb découvrant un champ nouveau. Un Christophe Colomb découvrant un monde sera suivi d’un Luther découvrant une liberté. Après Luther, novateur dans le dogme, viendra Shakespeare, novateur dans l’art. Un génie finit l’autre.

Mais pas dans la même région. L’astronome s’ajoute au philosophe ; le législateur est l’exécuteur des volontés du poëte ; le libérateur armé prête main-forte au libérateur pensant ; le poëte corrobore l’homme d’état. Newton est l’appendice